Toulouse : Une Iranienne, « combattante de la liberté », toujours sous le coup d’une obligation de quitter le territoire

08/03/2023

Expulsion Remise en liberté en janvier après avoir été placée en centre de rétention, Farideh a déposé un recours contre son obligation de quitter le territoire. Il était examiné mercredi par le tribunal administratif de Toulouse

le Soir Béatrice Colin Publié le 08/03/23

  • En janvier dernier, une Iranienne de 38 ans ayant fui son pays était interpellée à Chambéry avant d'être placée en centre de rétention près de Toulouse.
  • Si le juge des libertés et de la détention a remis en liberté la femme qui a participé aux manifestations en Iran, elle se trouve toujours sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français.
  • Ce jeudi, le tribunal administratif de Toulouse examinait son recours contre cette OQTF délivrée par le préfet de Savoie.

En ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, c'est l'avenir d'une Iranienne qui se jouait devant le tribunal administratif de Toulouse. Il y a encore quelques mois, Farideh, 38 ans, défilait dans les rues de Téhéran pour demander plus de libertés et dénoncer les méthodes de répression de la République islamique.

Un pays, le sien, qu'elle a décidé de quitter pour fuir le régime et rallier le Royaume-Uni où son fiancé l'attendait. Après un passage en Italie, elle a été arrêtée à l'aéroport de Chambéry à la mi-janvier. Placée au centre de rétention de Cornebarrieu en Haute-Garonne, elle a recouvré la liberté à la suite d'une décision de la juge des libertés et de la détention de Toulouse, prise trois jours après son interpellation.

Loin d'être tirée d'affaires, Farideh se trouve toujours aujourd'hui sous le coup d'une obligation de quitter le territoire. Une décision prise par le préfet de Savoie, objet d'un recours devant la juridiction administrative toulousaine. Lors de l'audience, l'avocate de la réfugiée, Me Mathilde Bachelet, a expliqué que le « préfet a été jusqu'à solliciter les autorités iraniennes, les mêmes autorités iraniennes qu'elle fuit, il a livré son identité à ses persécuteurs ».

« Combattante de la liberté »

Lors de son arrestation et devant le juge des libertés, Farideh avait expliqué qu'elle préférait « mourir que de repartir en Iran ». Par crainte, elle a préféré ne pas être présente à cette audience où les services de l'Etat n'étaient pas non plus représentés.

« Alors que le président affiche soutien à des opposantes, d'un autre côté les services de l'État criminalisent les personnes fuyant le régime iranien. Ce n'est pas qu'une décision absurde, c'est aussi criminel car la renvoyer c'est lui faire prendre des risques, celui d'être arrêtée, voire pire », a insisté l'avocate. Ella a plaidé pour que l'Iranienne bénéficie de l'asile constitutionnel, un statut accordé aux « combattants de la liberté ».

« L'Etat français ne peut pas prendre des mesures d'éloignement à destination de l'Iran dans le contexte actuel, d'autant plus pour une personne qui a participé aux manifestations contre le régime, dont la famille est elle-même persécutée », poursuit Me Bachelet pour qui il s'agit avant tout d'une décision juridique avant d'être symbolique.

Car celle-ci pourrait faire jurisprudence pour des cas similaires. Comme celui d'une autre femme qui avait aussi été placée l'année dernière en centre de rétention avant d'être libérée et de voir son obligation de quitter le territoire annulée par le juge qui examinait ce jour le cas de Farideh. La décision doit être rendue d'ici une quinzaine de jours.