Nouveaux débordements en France: plus d'un million de manifestants en rue, des bâtiments et mobiliers urbains incendiés

24/03/2023

Publié aujourd'hui à 08h33 par AFP

Le conflit sur la réforme des retraites en France a mené à une nouvelle nuit de violences dans les grandes villes du pays alors que la mobilisation entend être poursuivie avec une 10e journée d'actions prévue mardi.

Entrée dans son troisième mois, la contestation dans la rue a rassemblé jeudi entre 1,089 million de manifestants (ministère de l'Intérieur) et 3,5 millions (syndicat CGT) pour la 9e journée de mobilisation. Les débordements dans la nuit ont été conséquents : porte de la mairie de Bordeaux (sud-ouest) incendiée, "scènes de chaos" dénoncées par la maire de Rennes (ouest), canons à eau à Lille (nord) et Toulouse (sud-ouest), manifestante avec un pouce arraché à Rouen (nord-ouest), commissariat pris pour cible à Lorient (ouest) etc.

A Paris, des violences ont éclaté en tête de la manifestation avec leur lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit, et des incidents se sont poursuivis en soirée dans le sillage de cortèges dits "sauvages". A rebours d'un défilé où la grande majorité des manifestants a marché pacifiquement.

Feux de poubelle, sirènes et gyrophares ont strié une nuit où des grappes de manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l'ordre.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a fait état vendredi de "457 interpellations" et de "441 policiers et gendarmes blessés". Invité de Cnews, le ministre de l'Intérieur a affirmé en outre qu'il y avait eu "903 feux de mobiliers urbains ou de poubelles" jeudi à Paris lors de la manifestation intersyndicale.

La préfecture de police de Paris a fait état de 103 personnes interpellées dans la capitale.

Des manifestations d'écologistes prévues ce weekend dans l'ouest du pays et la venue du roi Charles III la semaine prochaine en France en pleine crise sociale promettent en tout cas un sacré défi pour un exécutif décidé à jouer l'ordre.

Le gouvernement reste inflexible sur sa réforme. Emmanuel Macron, qui était jeudi à Bruxelles pour un sommet européen, avait la veille défendu bec et ongles une réforme "nécessaire" pour les finances publiques, assumant son "impopularité".

A l'issue de ce nouvel épisode d'un conflit dont aucun camp ne semble chercher une sortie, les responsables politiques de gauche ont invité jeudi les Français à amplifier encore la contestation contre la réforme des retraites.

Les syndicats ont donné à nouveau rendez-vous mardi aux manifestants et grévistes, et des rassemblements de proximité sont prévus ce week-end.