Etat islamique : Une « revenante » condamnée à 12 ans de réclusion

02/03/2023

VERDICT Douha Mounib était jugée à Paris pour deux séjours en Syrie entre 2013 et 2017

20 Minutes avec AFP

La justice a désormais une nouvelle jurisprudence contre les femmes ayant rejoint l'Etat islamique (EI). Une « revenante », qui était jugée à Paris pour deux séjours en Syrie entre 2013 et 2017, a été condamnée mercredi soir à 12 ans de réclusion criminelle.

Après près de cinq heures de délibéré, la cour d'assises spéciale a assorti cette peine d'une période de sûreté des deux tiers. Le Parquet national antiterroriste avait requis quatorze ans de réclusion à son encontre. Dans le box, Douha Mounib, 32 ans, a accueilli le verdict avec sérénité. « Je m'attendais à une peine de plus de 10 ans », a-t-elle réagi quand le président de la cour, Laurent Raviot, lui a demandé si elle avait bien compris la décision.

Une rocambolesque tentative d'évasion

Les magistrats professionnels ont tenu compte de « l'évolution » de celle qui a affirmé que son adhésion à l'EI faisait partie du « passé », même si ces « éléments positifs » ont été « contrebalancés » par sa rocambolesque tentative d'évasion en novembre 2021, alors qu'elle était incarcérée depuis quatre ans en France. Une affaire qui planait sur les débats depuis lundi.

Au final, Douha Mounib a été reconnue coupable d'association de malfaiteurs terroriste criminelle, pour deux séjours en zone syro-irakienne, entrecoupés de multiples tentatives de rallier ce théâtre de guerre. La jeune femme s'était radicalisée fin 2012. Elle s'abreuvait alors de vidéos de propagande, commençant à porter le voile, arrêtant ses études de sage-femme.

A l'audience, elle s'est longuement expliquée sur son « désir » de partir en Syrie. Avec une certaine franchise, elle était revenue sur son parcours et son premier départ vers la Syrie fin 2013, après un périple du Maroc à la Turquie, où elle avait épousé un passeur qu'elle venait de rencontrer.

Ce séjour avait été écourté après deux mois en raison de l'instabilité de la région, et Douha Mounib avait quitté, « déçue », la Syrie. Elle n'avait eu de cesse ensuite de rejoindre le groupe djihadiste, mais avait été refoulée par les Turcs à chacune de ses tentatives. Sa « détermination extrême » avait fini par payer à l'été 2015 : grâce à la carte d'identité dérobée à sa mère, elle avait réussi à passer la frontière turco-syrienne avec son second époux tunisien et le fils de ce dernier, âgé de moins de deux ans.

L'avocate générale sceptique

Concernant ce séjour d'une quinzaine de mois à Mossoul (Irak) puis Raqqa (Syrie), Douha Mounib n'a livré pour l'avocate générale qu'une « version édulcorée » des faits. La magistrate n'a pas cru que le mari de l'accusée soit resté plus de 15 mois sans « jamais combattre », ni qu'elle-même n'ait rien vu des « atrocités quotidiennes commises » par l'EI.

Douha Mounib avait quitté fin 2016 les territoires contrôlés par l'EI. Elle avait été arrêtée par les autorités turques en mars 2017, alors qu'elle passait la frontière avec sa fille âgée de quelques mois et son beau-fils. Après neuf mois dans un centre de rétention en Turquie, elle avait été expulsée vers la France.