Emmanuel Macron ne confesse qu’une erreur dans le dossier des retraites : "Celle de ne pas réussir à convaincre"

23/03/2023

Par Alain Lechien RTBF

En France, la réforme des retraites constitue une épine dans le pied d'Emmanuel Macron pour son second quinquennat à la présidence de République. Depuis 1971, le système des retraites a déjà fait l'objet d'une dizaine de projets. En 2019, une refonte profonde était proposée, qui devait remplacer les régimes parfois très différents appliqués par les 42 caisses de retraite par un système plus simple, plus juste et plus susceptible de s'adapter aux changements de la société.

En mars 2020, dans le cadre des mesures de confinement liées à la pandémie de Covid-19, le président Macron annonce la suspension de cette réforme, qui avait rencontré une forte opposition de la part des syndicats et des professionnels qui auraient été touchés par ce projet.

Mais la question des retraites revient lors du second quinquennat de Macron. En janvier 2023, le gouvernement d'Elisabeth Borne présente un nouveau projet, dont l'une des principales mesures focalisera toutes les oppositions : le report progressif de l'âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans. Selon ce projet, cet âge légal sera progressivement relevé au rythme de trois mois par an à partir du 1er septembre 2023. Il sera donc fixé à 63 ans et 3 mois en 2027 à la fin du quinquennat, puis atteindra la cible de 64 ans en 2030. Pour bénéficier de sa retraite à taux plein, il faudra, dès 2027, avoir travaillé 43 ans.

Cette réforme vise aussi à supprimer les principaux "régimes spéciaux" (RATP, secteurs gaziers et électriques, Banque de France, par exemple). Le minimum de pension sera relevé, la pénibilité et d'autres facteurs de risque de certaines professions seront compensés.

Dès l'annonce du projet, les syndicats appellent à plusieurs journées de grève et de mobilisations, dont la neuvième est prévue ce jeudi 23 mars. Le chemin législatif du projet de réforme est émaillé d'incidents. Finalement, la Première ministre Elisabeth Borne choisit d'utiliser l'article 49.3 de la Constitution pour l'adopter au forceps. Cela a pour effet de décupler la colère de certains, qui dénoncent un déni de la démocratie.

Face à la contestation grandissante autour des retraites, Emmanuel Macron est enfin descendu dans l'arène médiatique en intervenant depuis l'Elysée ce mercredi dans les journaux télévisés de la mi-journée.

Personne ne s'attendait à ce qu'Emmanuel Macron fasse marche arrière ou annonce un référendum au cours de cette intervention, et en effet il persiste et signe, annonçant que cette réforme doit entrer en vigueur "d'ici la fin de l'année".

Moins solennel qu'une intervention lors de la "grand-messe" des journaux de 20 heures, le choix de s'exprimer à la mi-journée était jugé étrange, car il s'adresse à un public âgé, souvent déjà retraité, et en train de manger. Cependant, en 2018, alors que les Français s'opposaient par des grèves et des blocages aux projets présidentiels de réforme (du rail, de l'université, de la carte judiciaire, notamment), Emmanuel Macron choisit également de parler à la mi-journée à la France des provinces, lui qui semblait tenter alors de s'y défaire de son image de "président des villes".

Emmanuel Macron a aussi rappelé au cours de l'interview de ce mercredi que ce quinquennat constituait son dernier mandat à la présidence de République. Il ne se représentera plus, puisque l'article 6 de la Constitution de la Ve République, modifié en 2008, l'empêche en effet d'exercer plus de deux mandats consécutifs. Cela lui donne plus de libertés dans les dossiers sensibles comme celui des retraites.