Des manifestations à Paris, Lyon et Marseille pour dire non à « l’immigration jetable »

18/02/2023

MOBILISATION Ils réclament la régularisation des sans-papiers

20 Minutes avec AFP Publié le 18/02/23


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi à Paris, Lyon et Marseille contre le projet de loi sur l'immigration et contre les centres de rétention administrative (CRA), dénonçant une « immigration jetable » et réclamant la régularisation des sans-papiers, ont constaté des journalistes de l'AFP.

A Paris, les manifestants, 1.200 selon les organisateurs, s'étaient donné rendez-vous devant le musée de l'Immigration, dans le 12e arrondissement, pour se rendre vers le centre de rétention de Vincennes, à l'appel d'un collectif « contre l'immigration jetable » regroupant notamment Solidaires, Droits devant, la Ligue des droits de l'homme, le PCF ou encore le Nouveau parti anticapitaliste. « Non à la loi Darmanin, contre la répression et l'enfermement et les expulsions, pour une politique migratoire d'accueil », proclamait la banderole de tête.

« C'est un tri des immigrés et un chantage à l'acceptation d'un travail »

Le projet de loi défendu par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin prévoit plusieurs mesures pour faciliter les expulsions - surtout des étrangers « délinquants » -, une réforme du droit d'asile et un volet intégration, notamment la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les secteurs où les employeurs peinent à embaucher, comme la restauration.

« Régulariser uniquement dans les secteurs dits en tension, c'est très problématique : cela veut dire régulariser là ou personne ne veut aller car les conditions sont des conditions indignes », a estimé Cybèle David, membre du collectif et de Solidaires, pour qui « c'est un tri des immigrés et un chantage à l'acceptation d'un travail ». Pour Odile Ghermani, de l'Observatoire citoyen du centre de rétention de Vincennes, le projet de loi va alimenter « un cycle mortifère et catastrophique, avec toujours plus de gens qui se retrouvent dans les marges et l'illégalité » du fait notamment des nouvelles restrictions au droit d'asile.

« Accueillir plutôt que réprimer »

A Lyon, plus d'une centaine de participants, parmi lesquels une poignée de « gilets jaunes », ont défilé en direction de la préfecture, sous des drapeaux de LFI ou encore de l'Unef. « Accueillir plutôt que réprimer », proclamait une pancarte, tandis que les manifestants scandaient : « Qu'est-ce qu'on veut ? Des papiers ! Pour qui ? Pour tous ! ». A Marseille, ils étaient entre 150 et 200 et se sont arrêtés longuement devant le CRA situé dans le 14e arrondissement (nord) de la ville et scandant « des papiers pour tous ou pas de papiers du tout », ou « pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons les centres de rétention ».

Plusieurs personnes ont pris la parole, dont Mohamed, un Guinéen de 33 ans. « On n'est pas des criminels, nous aussi on a droit à la liberté, sans centre de rétention. On veut travailler, payer des taxes et des impôts ». Le jeune homme, qui n'a pas souhaité donner son nom complet, a indiqué à l'AFP avoir quitté son pays en 2016, vivre à Marseille depuis quatre ans et avoir obtenu des papiers « il n'y a pas longtemps ». « Je ne prends pas la parole pour moi mais pour tous ceux qui sont victimes d'injustice », a-t-il expliqué.