Plus de 500 sans-abri à Tournai, dont près de 100 enfants

31/03/2023

Par Julien Malpas

Pour la troisième année consécutive, les équipes du Centre interdisciplinaire de recherche, travail, État et société (Cirtes) de l'UCLouvain et du centre Lucas de la KU Leuven, soutenues par la Fondation Roi Baudouin, ont dénombré le sans-abrisme et l'absence de chez-soi en Belgique. Pour cela, ils ont analysé plusieurs communes wallonnes, flamandes, et en communauté germanophone.

Parmi ces communes : Tournai. Et dans cette ville hennuyère, le constat est particulièrement frappant… En 2022, 408 adultes et 96 enfants ont été recensés en situation de sans-abrisme ! Contre 7.912 personnes dans l'ensemble dans régions concernées par cette étude. Mais "sans-abrisme" ne signifie pas toujours "à la rue". En réalité, à Tournai, 26 adultes et 1 enfant se trouvent sans toit au-dessus de la tête. Les autres se retrouvent chez des amis ou de la famille, en institution ou foyer d'hébergement, en hébergement d'urgence, ou bien sous menace d'expulsion.

Comment expliquer ces chiffres ?

Il n'empêche que ces chiffres à Tournai sont interpellants. Alors comment les expliquer ? Martin Wagener, professeur de sociologie à l'UCLouvain, nous livre quelques éléments de réponse. Tout d'abord, une piste géographique. Tournai est une ville un peu isolée, avec très peu d'autres grandes villes à proximité. Mais elle se trouve aussi sur la route de Calais. D'ailleurs, dans cette ville, près de 28% des sans-abri ne possèdent pas la nationalité belge. Parmi ceux-ci : 42,4% des sans-abri sont sans titre de séjour, et 12,6% sans droit de séjour temporaire.

Une autre piste d'explication est celle de la présence, à proximité, d'un hôpital psychiatrique, d'institutions d'aide à la jeunesse et d'une prison. Pour Martin Wagener, il y a toute une série de personnes qui y restent longtemps, en recherche d'un logement. Et la part des personnes avec, notamment, un passé psychiatrique, est assez importante dans ces personnes en recherche de logement.

Toujours selon Martin Wagener, ces données soulèvent la question de la Justice territoriale. C'est-à-dire, avoir une répartition de services pour les personnes sans-abri, mais surtout des logements de transits (au niveau des CPAS) pour aider ces personnes en difficulté.