Matelas au sol, gale, punaises : la tension monte à la prison de Nivelles où la surpopulation atteint un seuil critique

16/03/2023

hier à 17:21 Par Hugues Van Peel RTBF

Il y a trop de monde à la prison de Nivelles. En ce moment, on y dénombre environ 265 détenus, en cumulant les personnes qui purgent une peine et celles qui sont en détention préventive. Les conditions de vie et de travail sont déplorables, selon Giuseppe D'Orazio, délégué CGSP.

"Certains détenus dorment par terre, explique-t-il. Il y a parfois trois personnes dans une cellule de 9 m². On a des cas de gale, des punaises. La tension est énorme et dure à gérer. Et il y a aussi la dignité humaine, il ne faut pas oublier qu'on a affaire à des personnes. C'est très difficile."

En fait, la prison de Nivelles est chroniquement surpeuplée. Elle dispose normalement de 192 places, mais ce nombre est dépassé en permanence. En 2021, le bourgmestre de Nivelles avait pris un arrêté pour limiter la surpopulation à 248 détenus. On est donc largement au-delà en ce moment. Et cela s'explique en partie par l'arrivée d'un grand nombre de personnes en détention préventive, provenant surtout de l'arrondissement judiciaire de Bruxelles.

Juguler les entrées

Mais les choses vont peut-être s'améliorer prochainement. Informé de la situation, le procureur du Roi du Brabant wallon a contacté son collègue bruxellois pour qu'il demande aux juges d'instruction de ne plus envoyer de détenus en préventive à Nivelles.

"L'idée est, dans la mesure du possible, d'essayer de juguler les entrées pour permettre de retrouver un niveau moindre, indique Marc Rézette. Actuellement, il y a cette surpopulation qui est liée à des arrivées essentiellement de Bruxelles. Ce n'est pas inhabituel que des personnes arrivent de Bruxelles, c'est tout à faire normal. Mais là on a un pic. La question sera de savoir si ce pic va perdurer dans le temps ou s'il est ponctuel, lié à plusieurs dossiers qui créent cet embouteillage. L'avenir nous le dira."

Interdire toute admission ?

Et si la sensibilisation des juges d'instruction ne suffit pas ? "L'arme ultime, entre guillemets, c'est celle qu'a le bourgmestre de pouvoir prendre un arrêté de fermeture provisoire, donc de ne plus permettre d'admissions parce qu'on se trouve dans une situation trop critique", explique le procureur du Roi.

Contacté, le bourgmestre de Nivelles, Pierre Huart, a déclaré qu'il suivait la situation au jour le jour.