Immigration : la France de la honte sous l’ère du président Macron

21/02/2023

Ahmed Elmidaoui (Paris) | 14:46 - 15 septembre 2022

Il y a pile cinq mois, le candidat Emanuel Macron aux présidentielles 2022, avait fait de l'immigration son cheval de bataille en la replaçant au cœur de sa campagne électorale. ''L'immigration doit être inscrite à la tète de notre agenda national, européen, méditerranéen et international, avait-il martelé, en se vantant d'avoir permis le refoulement de 28.000 immigrés illégaux en 2021 et d'avoir fait chuter de manière spectaculaire le nombre de demandes d'asile adressées à la France (-48% en 2021).

Aujourd'hui réélu, il a pointé du doigt les politiques de régularisation massives des immigrés notamment Maghrébins décidées par les gouvernements de gauche, tout en se réjouissant de sa politique du chiffre déshumanisée faite de rafles, gardes à vue, tracas, séparation de famille et expulsions cruelles. A la juger sur le nombre de reconduites à la frontière, la politique d'immigration est la plus cruelle, la plus absurde mais aussi la plus humiliante. Elle prend son sens à l'instant où la police est obligée d'atteindre les quotas. On ne se contente plus de rafles routinières pour mettre la main sur les sans papiers, mais on va les chercher à domicile, dans les quartiers où ils vivent, à l'entrée des écoles, des bouches de métro qu'ils fréquentent, dans les hôpitaux où ils se soignent. Il faut remplir les camions pour atteindre les quotas fixés et imposés à chaque préfecture. Une mobilisation sans pareil du dispositif d'éloignement des étrangers, notamment maghrébins. Elle n'épargne personne, ni femmes, ni enfants.

Et les préfets sentant vers la fin de l'année que le quota d'expulsions qui leur a été assigné ne va pas être atteint, foncent sans pitié à la chasse de tout ce qui travaille et étudie, de tout ce qui bouge sans papiers. Pire. Les autorités françaises ont tout conçu pour que l'expulsion se fasse sans que le concerné ne puisse s'informer sur ses droits pour organiser mieux sa défense. La décision du Préfet doit être immédiate. Il faut atteindre à tout prix le nombre de quotas fixé à 30.000 expulsions, pour l'année 2022.

Pour la justifier, Macron va même jusqu'à prétendre que ce sont les Français qui ne veulent pas d'une régularisation globale des sans papiers. Ce président qui se défausse sur les Français pour camoufler ses sentiments de haine et de rejet à l'égard de l'immigration, est maintenant confronté aux résultats sans appel des derniers sondages : 74% des Français sont pour une régularisation de tous les sans papiers qui ont des enfants scolarisés, 12% sont pour la régularisation de tous les sans papiers, 9% ne sont pour aucune régularisation, 5% ne se prononcent pas. Les sondés condamnent aussi catégoriquement à 66% la restriction du regroupement familial et soutiennent majoritairement les actions d'intégration des immigrés avec ou sans-papiers.

Et au moment où le président Macron cherche à centrer l'immigration autour des thèmes identitaires et sécuritaires, négligeant l'apport des immigrés en termes économiques et culturels, une note du Conseil d'analyse économique (CAE) est venue remettre les pendules à l'heure en démontrant , chiffres à l'appui, les bienfaits de l'immigration et son impact positif pour la France en matière d'innovation, de croissance et de productivité.

Une autre note est venue susciter sans doute beaucoup de fierté pour les immigrés notamment Marocains, mais fait également peur à Macron: Plus de 40.000 marocains ''très diplômés'' font le bonheur des entreprises et institutions françaises, selon une étude menée par le Secrétariat général de l'immigration pour le compte du ministère français de l'Intérieur.

Cette enquête place les Marocains en tête des immigrés de ''très haut niveau'', loin derrière la Tunisie (25.000) mais aussi et surtout des pays européens pourvoyeurs de matière grise comme l'Allemagne, le Royaume uni, ou encore l'Italie. Des chiffres officiels qui battent en brèche cette image détestable de l'immigré marocain souvent présenté comme un fardeau pour la république française.

La publication des résultats de cette enquête, intervient curieusement au moment même où la France de Macron, déterminée à opérer un tour de vis sur l'octroi des visas aux étudiants marocains, soulève une grosse polémique.