Fusillades à Marseille : « Ils tuent nos enfants », une manif au Castellas pour sauver « la jeunesse perdue »

03/04/2023

Mathilde Ceilles Publié le 03/04/23 Par 20 MINUTES

REPORTAGE Des familles endeuillées par des règlements de comptes ont manifesté à la cité du Castellas au lendemain d'une nuit sanglante qui a fait 11 victimes, parmi lesquelles des mineurs

Des proches de victimes de règlement de comptes ont manifesté ce lundi au Castellas à Marseille pour dénoncer — AFP
Des proches de victimes de règlement de comptes ont manifesté ce lundi au Castellas à Marseille pour dénoncer — AFP
  • Dans la nuit de dimanche à lundi, à Marseille, trois personnes ont été tuées et 12 autres blessées au cours de trois fusillades survenues en l'espace de deux heures.
  • Au cours de l'une de ces fusillades, trois adolescents ont été visés et un quatrième est décédé.
  • Alors que les victimes de ces règlements de comptes sont de plus en plus jeunes selon les autorités, des familles ont manifesté ce lundi dans le quartier du Castellas, l'une des cités marseillaises endeuillées.

« Quatorze ans. Vous vous rendez compte ? Moi, à cet âge-là, je jouais aux billes. Eux, ils se font tuer. » Frédéric est né et a toujours vécu aux Aygalades, cité du 15e arrondissement de Marseille. Et comme tous les habitants du coin, il a entendu la nouvelle ce lundi matin. Dans la nuit et à deux pas de chez lui, des fusillades ont éclaté dans la cité phocéenne. Trois personnes sont décédées à quelques heures d'intervalles, à la cité du Castellas dans le 15e arrondissement, puis près des Aygalades, à la cité de Frédéric, et enfin dans le 2e arrondissement, près du quartier de la Joliette.

Au cours du week-end, 12 personnes ont également été blessées. Et parmi ces victimes, de très jeunes adolescents : à la Joliette, le jeune homme décédé dans la nuit de dimanche à lundi avait à peine 16 ans. Un autre adolescent de 15 ans a été visé lors de cette fusillade et se trouve entre la vie et la mort. Le jeune homme avait été condamné pour trafic de stupéfiants le 31 mars dernier, soit trois jours avant cette fusillade. Un troisième garçon, âgé de 14 ans, a été blessé moins grièvement.

« C'est des bébés »

« Ça craint, soupire Frédéric. Ça me choque. C'est des bébés. Moi j'ai peur pour mes enfants. J'ai deux filles qui ont 16 et 18 ans. Il suffit qu'elle traîne avec des copains et ça peut leur arriver. Ça me fait de la peine de voir qu'il y a des jeunes qui se font tuer juste pour de l'argent. On va où ? » « Je suis triste pour cette jeunesse perdue », abonde Sonia. La jeune femme habite au Castellas et y est responsable d'une association. La fusillade s'est déroulée sous ses fenêtres. « Mon fils a 17 ans et il était dehors, comme c'est le ramadan. Il était avec d'autres copains. Quand il a entendu les balles, il était dans les escaliers et il a eu peur. Il a couru. Je me mets à la place des mamans. Ce n'est pas facile. Une balle perdue arrive vite. On n'est pas en sécurité. Il n'y a rien qui est mis en place pour les jeunes. »