En Allemagne, les travailleurs immigrés sont les bienvenus
Contrairement à nombre de ses voisins européens focalisés sur la répression de l'immigration illégale, Berlin tient un discours d'ouverture afin, notamment, d'attirer de la main-d'œuvre.

En matière de politique migratoire, l'Allemagne se singularise de plus en plus du reste de l'Union européenne (UE). Les propos tenus par Olaf Scholz, vendredi 10 février à Bruxelles, l'ont confirmé. A l'issue d'un sommet où les Vingt-Sept se sont mis d'accord pour renforcer les frontières extérieures de l'UE, le chancelier allemand a certes réaffirmé sa détermination à lutter contre l'immigration illégale, mais il a rappelé que la politique migratoire de l'UE ne saurait se réduire à ce seul objectif : « Presque tous les pays européens ont un grand besoin de main-d'œuvre qualifiée, et l'immigration légale est nécessaire pour que nous ayons à l'avenir suffisamment de travailleurs qui cotisent pour nos retraites et contribuent au fonctionnement de notre économie », a-t-il insisté.
Au sein de l'UE, l'Allemagne n'est pas la seule à défendre une telle ligne. En France, le projet de loi sur l'immigration, présenté le 1er février en conseil des ministres, concilie lui aussi fermeté et ouverture : d'un côté en renforçant les possibilités d'expulsion, en particulier des étrangers délinquants, de l'autre en facilitant la régularisation de travailleurs sans papiers occupant des « métiers en tension ». Concernant l'immigration de travail, le texte prévoit également la création d'une carte de séjour « talent »destinée à faciliter la venue de médecins, pharmaciens, dentistes et sages-femmes étrangers.
Entre Paris et Berlin, les différences sont toutefois aussi importantes que les convergences. Il est ainsi frappant de constater à quel point le volet répressif est peu mis en avant outre-Rhin par le gouvernement. Quand les ministres allemands parlent d'immigration, c'est principalement sous un angle positif, comme une solution aux besoins impérieux de main-d'œuvre du pays. Selon l'Agence fédérale pour l'emploi, celui-ci aurait besoin de 400 000 immigrés par an, d'ici à 2030, pour maintenir sa force de travail à son niveau actuel.
Un système à points, comme au Canada
Afin de répondre à ce défi, la coalition d'Olaf Scholz n'a pas chômé. Depuis son arrivée au pouvoir, en décembre 2021, plusieurs chantiers ont été ouverts. Le premier concerne les étrangers bénéficiaires d'une Duldung (« tolérance »), un statut qui permet à des personnes sans titre de séjour de rester en Allemagne sans risquer de se faire expulser, soit parce qu'elles seraient en danger dans leur pays d'origine, soit parce qu'elles n'ont pas de pièce d'identité, soit parce que leur santé est trop fragile, soit parce qu'elles suivent une formation professionnelle.
Publié le 14 février 2023
d'aprés le monde