Bruxelles : évacuation des demandeurs d’asile présents dans l’ancienne allée du Kaai

11/03/2023

RTBF Par Karim Fadoul avec Barbara Boulet

La police de la zone Bruxelles-Ixelles a procédé, ce vendredi, après-midi à l'expulsion d'une soixantaine de demandeurs d'asile installés dans l'ancienne Allée du Kaaï, avenue du Port. La plupart occupaient des tentes le long du canal, en face du centre Fedasil du Petit Château, avant son démantèlement il y a une semaine.

L'expulsion de ce vendredi devait initialement avoir lieu lundi, ont indiqué les groupes de soutien aux demandeurs d'asile. Mais celle-ci a finalement été avancée.

Dans un communiqué de presse, le groupe de soutien citoyen dit déplorer l'expulsion "en l'absence de mesures satisfaisantes de relogement pour toutes les personnes concernées. Les autorités régionales affirment qu'une partie des anciens occupants du camp du canal qui n'avaient pas été relogés mardi dernier sera bien prise en charge par Fedasil. En tout, il s'agirait d'une quinzaine des personnes logeant à l'avenue du Port. Certaines places seraient également disponibles au Samu Social, mais la majorité des personnes seront néanmoins expulsées sans solution, les forçant ainsi à rejoindre les centaines de demandeurs d'asile déjà à la rue."

Il s'agira de la troisième expulsion en quelques mois

Pour certaines d'entre elles, ajoute le groupe de soutien, "il s'agira de la troisième expulsion en quelques mois. Le groupe de soutien citoyen exige une solution d'hébergement pérenne pour tous les demandeurs d'asile qui ont trouvé refuge avenue du Port. Par ailleurs ils dénoncent une expulsion sous prétexte d'insalubrité. Bien que précaires, les conditions de vie dans le bâtiment sont bien meilleures que dans la rue."

Pour cette bénévole, les personnes expulsées proviennent principalement d'Afghanistan, de Palestine, d'Erythrée mais aussi de Guinée. "Ce sont des personnes enregistrées auprès de Fedasil, qui attendent un entretien et qui ne peuvent pas encore être logées. Elles sont en procédure d'asile, censées être accueillies par l'Etat belge, dans les conditions pour avoir accès à un logement décent avec des soins...", ajoute cette bénévole.

Le cabinet du bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Philippe Close (PS) confirme l'information et explique que l'élu socialiste a pris la décision de l'expulsion sur base d'une note de Bruxelles-Environnement, détaillant que l'occupation des lieux représentait un danger pour la sécurité publique. "Un camion de la ville prendra les affaires apportées par les organisations sur place et les amènera aux locaux de Médecins sans frontières", ajoute le cabinet. "Pour l'instant, la Ville n'a pas de local supplémentaire à proposer pour les reloger", nous précise-t-on.

Accord sur l'asile

Dans sa convention avec la Région bruxelloise, le gouvernement fédéral augmente de 300 le nombre de places qu'il met à disposition pour l'accueil des demandeurs d'asile dans la capitale. Cela porte le total à 1500 places en Région bruxelloise, a affirmé vendredi le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS).

Jeudi, le gouvernement fédéral réuni en comité a bouclé ses discussions sur la crise de l'accueil des demandeurs d'asile et des réformes en lien avec ce thème.

"Avec ce premier paquet de mesures, nous prenons le chemin de la réforme. Les places d'accueil n'iront qu'à ceux qui sont dans une procédure d'asile", a commenté la secrétaire d'Etat à l'Asile, Nicole de Moor. "La coopération en matière de retour sera inscrite dans la loi, les abus seront combattus et les personnes vulnérables sont protégées".

Un mandat est donné à Nicole de Moor de créer 2000 places supplémentaires structurelles en plus des 8000 déjà activées ces derniers mois. Quelque 2000 places seront par ailleurs libérées. Ces nouvelles places doivent éviter des situations comme celles vécues dernièrement rue des Palais et devant le Petit Château à Bruxelles.