Ambulanciers, pompiers… Les services de secours manifestent ce mardi : le point sur leurs revendications

07/03/2023

Par Kevin Dero, sur base d'une interview de Sophie Brems

Ils n'ont pas l'habitude de manifester, mais là, leur coupe est pleine. Les services de secours sont épuisés, ils manquent d'effectifs et ils le disent déjà depuis de nombreuses semaines. Julie Happaerts, secrétaire permanente CSC Services publics Pompiers, était l'invitée de Sophie Brems sur nos antennes ce matin.

Pompiers, ambulanciers et personnel administratif de 34 zones de secours et le SIAMU sont en grève et manifestent aujourd'hui dans les rues de Bruxelles.

Pour bien comprendre ce dont on parle, les services de secours font partie de zones de secours. Quel est leur rôle exact ? " Vous avez du personnel administratif, du personnel opérationnel pompier et du personnel pour l'aide médicale urgente. Certains font parfois de l'opérationnel rouge (donc feu), et de l'aide médicale urgente ".

Plus d'effectifs

Quelques grandes revendications sont mises sur la table. La première, c'est le manque d'effectifs de personnel. Ce qu'explique Julie Happaerts : " Ici, avec l'index qui a été réalisé l'année passée, la plupart des zones de secours wallonnes ont annoncé un gel de recrutement, ce qui veut dire qu'on ne recrutera pas de nouveaux pompiers pendant deux ans. Or, il faut déjà presque deux ans pour former un pompier. Pour nous, c'est donc un grand problème ".


On ne recrutera pas de nouveaux pompiers pendant deux ans

Plus de moyens

En ce qui concerne les moyens alloués à ces zones de secours également. Ainsi l'exemple des autopompes est édifiant : " Avec le nouvel arrêté royal, avec un minimum de six hommes par pompe, ce n'est aujourd'hui pas censé être structurel, mais beaucoup de zones de secours n'arrivent pas à mettre les six en même temps ". Et pour deux autopompes, il faut huit personnes. " Il y a des départs A4 qui sont faits, et donc une pompe par A4 et une seconde doit suivre d'un autre poste, parfois plus loin, pour pouvoir intervenir ".

Le personnel est épuisé d'être partout

Ce qui suscite pas mal de craintes de la part du personnel : " Ça pose beaucoup de problèmes étant donné que ça fait une surcharge de travail. Si on est là-bas, on n'est pas ailleurs. Et pour nous, ce n'est plus possible parce que le personnel est épuisé d'être partout. Il y a un manque d'effectifs, donc ça fait une surcharge de travail, de problèmes de congés, de problèmes de beaucoup d'heures de récupération. Et tout ça l'un dans l'autre, pour nous, on dit stop " déplore la syndicaliste.

Une valorisation du 105

Celle-ci note aussi une augmentation des sollicitations. Comme celles concernant les missions ambulance. " Et comme les zones fonctionnent par forfait, on a constaté également que les missions qu'ils doivent faire ne sont parfois pas urgentes ". Des personnes contactent les zones de secours alors qu'elles ne devraient pas, mais les secours ne peuvent y aller. " Ils prennent donc en charge la personne pour parfois simplement l'emmener à un rendez-vous médical. Ça aurait pu ne pas être urgent, mais ils ont la mission " explique Julie Happaerts. Ce phénomène serait dû aussi à une question de coût : " Le forfait n'étant que de 60 € dans les zones de secours, c'est moins cher que d'utiliser les transports médicalisés non urgents ". C'est également aussi pour exposer cette question que les services de secours voudraient rencontrer le ministre de la Santé publique cet après-midi.

Les missions ne sont parfois pas urgentes

Des pistes envisagées pour régler le problème seraient " une valorisation du numéro 105, et donc du transport médicalisé non urgent, voir par quel biais on peut l'améliorer et le promouvoir ". Mais aussi " sensibiliser les gens sur le fait que les pompiers ambulanciers, ce n'est que de l'urgence, donc à la dernière minute ".

Le problème des agressions

La secrétaire permanente du syndicat chrétien est aussi revenue sur les agressions de la population et qui visent ambulanciers ou pompiers. " On le constate. Par exemple le 31 décembre, le SIAMU s'est encore fait agresser. On a aussi une augmentation des agressions tant physiques que verbales envers le personnel pompier, mais aussi ambulancier ".

Une meilleure uniformisation

Il y a également un manque d'uniformité entre les 34 zones de secours. Ainsi, Julie Happaerts s'en occupe de 15, et celles-ci fonctionnent différemment les unes des autres. Notamment en ce qui concerne les régimes de fins de carrières : " Si certaines zones l'appliquent, d'autres ne le font pas. Ils peuvent partir en congés préalables à la pension sous certaines conditions. Mais le problème du statut fait qu'il le permet à la zone, ce n'est pas une obligation, ce qui veut dire que d'une zone à l'autre, vous pouvez ou pas bénéficier de ce congé préalable à la pension ".

Ce manque d'uniformité dans les zones de secours serait dû à certaines autonomies spécifiques à certaines zones de secours.

Le montant de la spécialisation peut être différent, ce qui n'est pas normal

Un manque de cohérence que l'on trouve aussi dans les spécialisations. Plus spécifiquement, l'allocation de spécialisation que l'on donne pour les services de recherche de personnes disparues, par exemple. " Nous avons les plongeurs, la GRIMP (grimpeurs), la CMIC, l'ART, etc., qui sont des spécialisations en fonction du territoire qu'ils occupent. Et normalement, le statut prévoit une certaine indemnité pour cette allocation de spécialisation. Mais aujourd'hui, les zones ne le font pas de la manière la plus cohérente. D'une zone à l'autre, le montant de la spécialisation peut être différent, ce qui pour nous n'est pas normal. Parce que le brevet est là, la spécialisation est là, le travail est là, donc tout homme qui est en GRIMP, que ce soit au Luxembourg, dans le Tournaisis ou à Liège, devrait normalement bénéficier de la même allocation ". Si les zones de secours étaient uniformisées cela pourrait permettre également une potentielle mobilité pour aller d'une zone à l'autre.

Un besoin de volontaires

Un mot aussi concernant les volontaires (parce que là on parle des pompiers professionnels). Les pompiers volontaires sont moins nombreux. " On compte sur eux et leur travail est important " précise la syndicaliste. " C'est vrai qu'on constate un manque accru de volontaires et la réforme ne les a pas aidés parce que la formation est beaucoup plus longue, ils sont un peu mis de côté. Et depuis le Covid, on recense encore moins de volontaires. On a ce problème de volontaires au niveau national ".

Dans les revendications pour les volontaires, on trouve aussi le bien-être, avec la maladie professionnelle " qui peut leur être tout à fait bénéfique ".

Un besoin de volontaires

Un mot aussi concernant les volontaires (parce que là on parle des pompiers professionnels). Les pompiers volontaires sont moins nombreux. " On compte sur eux et leur travail est important " précise la syndicaliste. " C'est vrai qu'on constate un manque accru de volontaires et la réforme ne les a pas aidés parce que la formation est beaucoup plus longue, ils sont un peu mis de côté. Et depuis le Covid, on recense encore moins de volontaires. On a ce problème de volontaires au niveau national ".

Dans les revendications pour les volontaires, on trouve aussi le bien-être, avec la maladie professionnelle " qui peut leur être tout à fait bénéfique ".